Le fils dans La famille de Janet paul

 par Paul Janet

famille
mari -
femme
pere mere
enfant
fils
fille
siecle


Messieurs,
Nous avons parlé dans la dernière leçon du jeune enfant sans distinction de sexe : ce que nous avons dit est aussi vrai du petit garçon que de la petite fille. mais plus tard, les différences augmentant avec l'âge, le fils et la fille donnent lieu à des considérations très différentes. Nous traiterons du fils dans cette leçon, le prenant à cet âge où, livré à lui-même, et entraîné loin des soins de la famille, il commence à avoir la responsabilité de ses actes.
Avant d'arriver au moment où une séparation décisive s'opère d'ordinaire entre la famille et le fils, disons quelques mots d'une première séparation, dure aux mères, dure aux enfants, mais qui, malgré son impopularité, est juste, salutaire, souvent nécessaire. Je ne veux point tromper la tendresse maternelle en lui vantant les douceurs du collège, ses joies, ses jeux, ses naïfs plaisirs. Je ne dirais pas : Le collège est le plus beau temps de la vie. Non, la vie du collège est laborieuse, désagréable, et c'est par là qu'elle est bonne. Je connais les tristesses de la vie du collège, je connais ces longues heures où, tandis que l'oeil est fixé sur un livre qu'on ne lit pas, l'imagination flotte et rentre au foyer domestique auprès de la mère et des soeurs. Mais le collège par ses douleurs mêmes est l'épreuve des caractères et l'école des fortes vertus. Etes-vous sûr que votre enfant ne rencontrera jamais aucune traverse, que la vie lui sera toujours facile et douce, qu'il n'aura qu'à passer de la tendre tutelle de la mère à la douce compagnie d'une épouse, gardez-le paisiblement auprès de vous ; laissez-le jouir d'une enfance commode ; évitez-lui les rudes labeurs, la triste contrainte, la règle froide, les visages étrangers, les grandes rivalités, les jeux violents, toutes ces terreurs de la mère ; mais, si vous ne pouvez répondre de rien, et si vous n'êtes pas maître de sa vie future comme vous l'êtes de sa vie présente, ne craignez pas l'épreuve de l'éducation hors de la famille. Le collège apprend à l'enfant bien des choses utiles : la règle, car dans la famille la règle la plus stricte est encore complaisante et inégale ; le travail, car le travail dans la famille est trop facilement relâché, suspendu, interrompu ; la justice, car dans la famille la plus étroite est encore mêlée de faveur ; l'émulation, car au collège tout est émulation, et celui qui n'est point le premier en thème veut être au moins le premier à la balle ou à la course ; la sincérité et la loyauté, car il n'y a rien dont les enfants ont tant horreur que de l'hypocrisie et de la délation ; la patience, car les enfants sont méchants et se tourmentent les uns les autres ; le courage, car au collège il faut se défendre soit-même, et un point d'honneur étroit interdit d'appeler le secours du maître ; l'amitié, car c'est au collège que se nouent les plus fortes amitiés ; enfin il lui apprend la vie, car là, comme dans la vie ; on n'obtient que la place que l'on conquiert, personne ne vient au-devant de vous, l'enfant, comme l'homme plus tard, est livré à lui-même en face d'une règle inflexible, sans autre protection que son mérite, sa propre volonté, ses bonnes intentions.



La famille

Le mari

La femme

Le père et la mère

L'enfant

La fille

Le siècle et la famille

L’œuvre de Paul Janet

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