du
concepteur du jeu, Jacques VIDON de Montpellier
« L'essence de toute découverte
réside dans l'invraisemblable mariage de systèmes
de
référence sans liaisons antérieures ».
Arthur Koestler, dans Le cri d'Archimède.
Dans cet esprit j'avais imaginé il y a quelques années un rapprochement insolite de lettres et de chiffres dans un nouveau jeu, baptisé le DECALOGRAMME, qui mariait une grille de Mots croisés avec une grille (de mêmes dimensions) de nombres croisés particuliers formant ce qu'on appelle un carré latin, où :
chaque ligne et chaque colonne de cette seconde grille comportent exactement les mêmes chiffres,
lesdits chiffres sont tous différents. Pour une grille de NxN cases il était convenu que les seuls chiffres utilisés allaient de 1 à N,
chacun de ces chiffres n'apparaît individuellement qu'une seule fois par ligne et par colonne.
Le « mariage » des deux grilles précitées, que l'on devait d'abord superposer, s'effectuait si je puis dire « par addition », case par case, d'une lettre du Mots croisés avec le chiffre du carré latin qui lui était superposée. Cette addition était en fait réalisée en décalant dans l'alphabet -conventionnellement vers l'avant de celui-ci- la lettre considérée du Mots croisés d'un nombre de positions égal au chiffre du carré latin qui lui fait vis à vis. On aboutissait ainsi à une grille alphabétique énigmatique dite DECALOGRAMME. Le problème posé au joueur consistait à démembrer la dite grille pour retrouver parallèlement le Mots croisés et le carré latin générateurs.
L'avènement providentiel du Sudoku m'a inspiré d'utiliser préférentiellement celui-ci comme carré latin particulier générateur. Car il s'agit bien d'un carré latin, mais présentant la particularité que tous ses chiffres différents apparaissent non seulement dans chaque ligne et chaque colonne, mais aussi dans chaque région (ou bloc) bien circonscrits de la grille -ces derniers au nombre de six dans un Sudoku de 6x6, et au nombre de neuf dans un Sudoku de 9x9- Or cette particularité est la bienvenue quand on veut résoudre un Décalogramme, car elle facilite la découverte de la solution.
L'usage d'un Sudoku comme carré latin particulier générateur explique finalement que mon jeu soit devenu, par contraction des deux noms -Mots croisés (croix se dit cruz en espagnol) et Sudoku, un CRUZOKU.
La vogue des Sudoku a permis de faire connaître et apprécier le carré latin, même si celui-ci est sous une forme particulière, ajouté au fait que le grand peuple des cruciverbistes est toujours à la recherche de nouvelles découvertes, de nouvelles sensations ; nous pouvons en espérer que les développements du Cruzoku puissent apporter du plaisir.
A noter que pour les débutants, nous pouvons être amenés à donner quelques chiffres du Sudoku, surtout si la grille des mots croisés contient peu de cases noires. Mais ces données doivent être en nombre limité afin que la résolution du Cruzoku oblige à découvrir au moins quelques mots cachés en utilisant la langue. Sinon le principe du Cruzoku perdrait une partie de son intérêt. En sens contraire, pour les passionnés du Cruzoku, nous pouvons éventuellement envisager de ne point révéler les positions des cases noires, et d'en indiquer seulement par exemple le nombre total par ligne et par colonne.
J'espère que ce nouveau jeu vous plaira comme distraction ou comme simple plaisir d'esprit. J'espère que vous allez passer un bon moment en déchiffrant ces problèmes et que vous en trouverez la solution.
Pour conclure, il est extraordinairement encourageant de constater que des jeux d'une extrême simplicité de principe -comme le Scrabble- n'aient été inventés qu'il y a très peu de temps dans l'histoire de l'humanité. Serait-ce un fol espoir d'ajouter le Cruzoku à cette liste ? Mais si une chose est certaine, c'est que d'autres jeux assez simples qui restent à inventer sont dans l'attente des joies et des plaisirs des générations futures. La réflexion d'Arthur Koestler sur le processus de l'invention pourrait y aider.
M Vidon Laisser un commentaire