PSYCHOLOGIE
PROLEGOMENES

CHAPITRE PREMIER.- L'homme physique.- Description sommaire du corps humain, et principalement du système nerveux.
14.L'homme âme et corps.
( L'homme, dit Bossuet, est une substance intelligente née pour vivre dans un corps et lui être intimement unie. con. de Dieu, ch IV ,I ). Sans doute, l'homme, considéré dans la meilleure partie de son être, considéré surtout dans sa destinée, n'est autre chose que l'âme elle-même, et Platon a pu le définir ( une âme qui se sert d'un corps. Platon. 1er Alcibiade. ). Le corps n'est et ne doit être en effet qu'un instrument, mais si nous considérons l'homme réel, l'homme concret, tel qu'il existe ici-bas, nous voyons qu'il n'est pas un esprit pur, lié au corps par accident : il est : comme le disent les scolatiques, un composé et, pour employer l'expression de Bossuet, ( un tout naturel ).
Par conséquent, tout en professant que l'âme est distincte du corps, on ne doit point oublier néanmoins que le corps en est la condition nécessaire, que la vie animale et physiologique est en quelque sorte la matière d'où devra sortir, tout en s'en distinguant profondément, la vie intellectuelle et morale. De là la nécessité de faire précéder la connaissance des facultés de l'âme par une exposition sommaire des organes du corps humain.
Dans l'étude de toute organisation il faut distinguer deux choses : les organes et les fonctions.
Il y a dans tous les animaux deux grands groupes de fonctions, et par conséquent d'organes : les fonctions de nutrition et les fonctions de relation. Les premières ont pour but l'entretien de la vie, les secondes mettent l'homme en relation avec le monde extérieur. Nous avons à les étudier particulièrement chez l'homme.

FONCTIONS ET ORGANES DE NUTRITION
15.Les fonctions.
Le caractère distinctif des êtres vivants et organisés, c'est de recevoir sans cesse du dehors, pendant qu'ils vivent des matériaux nouveaux qu'ils fixent dans leurs tissus, et de rendre au dehors les matériaux usés par l'effet du travail vital.
L'ensemble de ces deux actes constitue ce que l'on appelle la nutrition. L'un de ces deux actes, l'acte réparateur, est l'assimilation ; l'autre, l'acte destructeur, est la désassimilation.
Mais pour que ces matériaux nouveaux arrivent aux tissus, il faut qu'ils soient introduits dans l'organisme et modifiés de manière à être rendus assimilables ; c'est l'acte de digestion. Une fois digérés, il faut qu'ils soient introduit dans le sang, et c'est ce que l'on appelle l'absorption ; absorbés, ils doivent être transportés par le sang dans toutes les parties du corps ; c'est l'objet de la circulation.
Le sang, ce liquide essentiellement nourricier, que l'on a appelé de la chair coulante ( Bordeu ), devient rapidement impropre à la nutrition, si dans son cours il ne se répare pas lui-même en s'appropriant l'oxygène de l'air : c'est ce que l'on appelle respiration.
La digestion ( avec l'absorption ), la circulation et la respiration, constituent les trois actes essentiels de la fonction nutritive. Par l'une, les matériaux sont incorporés ; par l'autre, ils sont distribués ; par la troisième, ils sont purifiés. Les sécrétions et excrétions, sur lesquelles nous n'avons pas besoin d'insister, servent, ou à fournir des liquides nécessaires aux actes digestifs, ou à éliminer les parties inutiles. Quant à l'assimilation, avec son contraire, c'est la nutrition elle-même.

16. Les organes.
Considérons maintenant les différents appareils et organes qui servent à ces trois grands actes.
Appareil digestif.- Cet appareil se compose de trois sortes d'organes : 1° le tube digestif, dont les principales parties sont :la cavité bucale ou la bouche, où les aliments sont introduits et modifiés déjà par plusieurs opérations mécanique et chimiques ; le pharynx, espèce d'entonnoir dans lequel les aliments sont ingurgité par la déglution ; l'œsophage, simple tube qui continue le pharynx ; l'estomac, dilatation du tube digestif où commence la digestion, et enfin les intestins ( divisés en deux : intestin grêle et gros intestin), où la digestion se continue et sépare ce qui est assimilable de ce qui ne l'est pas ; - 2° les glandes servants à élaborer les liquides nécessaires à la digestion. Les principales sont : les glandes salivaires, le foie et le pancréas ; les glandes pepsiques, logées dans l'épaisseur de la paroi de l'estomac, et les glandes intestinales, logées dans l'épaisseur des parois des intestins ; - 3° enfin les organes mécaniques, ou dents, placées à l'entrée du tube digestif et chargées de diviser les aliments pour les rendre plus facilement attaquables par les liquides des glandes.
Appareil circulatoire. – L'appareil circulatoire se compose de deux parties : le cœur, qui donne l'impulsion et la direction du sang ; 2° les vaisseaux, qui portent le sang du cœur aux organes et des organes au cœur. Le cœur est le centre. Le cœur est un organe musculaire et contractile, qui par ses contractions lance le sang dans toutes les parties du corps. Il se compose de deux parties qui ne communiquent pas entre elles : le cœur droit et le cœur gauche ; chacun d'eux est séparé à son tour en deux moitiés par un cloison qui permet la communication. Les deux parties supérieures s'appellent les oreillettes ; les deux inférieures ventricules. – Les vaisseaux sont de trois espèces : 1° Les artères, qui portent le sang du cœur aux organes ; 2° les vaisseaux capillaires, qui sont la continuation des artères et font partie constituante des tissus ; 3° les veines, qui ramènent le sang des organes au cœur.
Les deux principales artères sont l'artère pulmonaire qui va du ventricule droit aux poumons, et l ‘aorte, qui vient du ventricule gauche et redistribue dans les organes le sang régénéré par la respiration. – De même il y a deux systèmes de veines : 1° le système veineux pulmonaire, qui ramène le sang des poumons au cœur ; 2° le système veineux général, qui ramène le sang de toutes les autres parties du corps.
Appareil respiratoire. – Cet appareil se compose : 1° des poumons, organe spongieux composé de cellule, qui communiquent avec l'atmosphère par l'intermédiaire des conduits respiratoires ; ils sont au nombre de deux ; 2° d'un conduit qui met en communication les poumons avec l'air atmosphérique ; il porte le nom de trachée artère. La partie supérieure qui est en même temps organe de la voix, s'appelle larynx et ouvre dans l'arrière bouche. La trachée, à un certain niveau de son trajet, se divise en deux rameaux se rendant aux poumons et que l'on appelle bronches.

L'œuvre de Paul Janet